Beaucoup, toujours les mêmes, me reprochent mon soutien à Israël et au peuple juif, moi qui suis d’origine syrienne.
Je suis né dans un pays où l’ultime et unique ennemi est « l’entité sioniste », comme ils le disaient, matin, midi et soir. Même dans la rue, les mosquées le criaient à haute voix depuis les minarets, au cas vous l’aurez oublié. J’étais ainsi conditionné, comme des millions, à détester et à haïr les Israéliens. A l’époque, on prenait le soin néanmoins de me dire, mes parents, que « nous ne détestons pas les juifs, mais uniquement les israéliens, nos ennemis, les sionistes ». Baigné dans un environnement pro palestinien par défaut, je pensais alors que c’était la voix de la raison et de la justice. Bien sûr, il n’y avait ni internet ni presse libre pour voir d’autres version de l’histoire racontée. Je ne vous parle même pas des programmes scolaires qui inculquaient la haine de l’ennemi sioniste, comme un devoir existentiel de tout arabe, pas uniquement musulman. Évidemment, on nous enseignait dégâts de la deuxième guerre mondiale mais jamais on nous parlait de l’existence des chambres à gaz ni celle des camps de concentration, pour Juif parce que Juifs.
J’ai donc grandi dans une ignorance complète, dans la haine d’Israéliens et surtout dans l’idée que cette haine était justifiée et juste.
Un premier déclic, juste avant de venir en France pour faire mes études, j’ai appris que mon camarade de classe ne pouvait pas faire les mêmes études que moi, ni sortir du pays, parce qu’il était Juif. Cette injustice qui lui avait été faite m’avait hantée de longues années par la suite. Elle m’a fait écrire mon premier roman Grandir ailleurs.
En réalité, j’ai eu de la chance. Venir en France m’a en quelque sorte sauvé d’un antisémitisme qui devait s’ancrer en moi mais contre lequel je devais lutter. C’est grâce à une rencontre que j’ai commencé à ouvrir les yeux. Un ami allemand, aussi incroyable que cela pouvait paraître à mes yeux à l’époque, m’avait offert le fameux livre « Exodus » de Léon Uris, à peine trois mois après mon arrivée en France. Une révélation. Je ne le remercierai jamais assez.
Vient ensuite un cheminement d’un citoyen devenu français et qui avait soif de ce dont il n’avait pas dans son pays de naissance : la liberté, les valeurs de la république et les connaissances. C’est tout ce chemin qui m’a aidé à sortir de l’enfermement de cette culture du refus, de la haine, des aprioris et de la justification de la violence dans lequel des millions d’arabes et de musulmans vivent encore. C’est ce chemin qui m’a fait réaliser que la haine d’Israéliens que je vivais dans mon pays natal n’était en fait qu’une forme déguisée de la haine de Juifs, de l’antisémitisme.
C’est ainsi que j’ai décidé d’aller à la rencontre du peuple juif, à la découverte du pays qui m’était interdit.
Mais ça, c’est une autre histoire
Un jour je vous raconterai ce fabuleux voyage, qui continue encore et encore