Faraj Alexandre Rifai
Français d’origine syrienne, j’ai passé mon enfance dans un pays qui considère Israël comme son ultime et pire ennemi. Mes deux parents étaient communistes et athées, anti-occidentaux comme tous les communistes. Et bien sûr anti-israéliens, par défaut, comme beaucoup dans la masse arabe. Ils tenaient néanmoins à nous préciser, à nous les enfants, qu’ils étaient bien sûr contre la politique israélienne, sans pour autant être contre les Juifs eux-mêmes. Je ne peux leur enlever ni leur sincérité ni leur conviction. Mais de là où je suis désormais, en tant que Français d’origine syrienne, j’ai pu constater que les antagonismes dans mon pays natal, la Syrie, ne se limitaient pas sur le champ politique, mais bien au-delà. A chaque fois que je retournais dans le pays de mes parents, je voyais, ô combien, que l’histoire n’était pas racontée de la même manière, quand elle était racontée.
C’est cet antisémitisme ancré et viscéral qui m’avait toujours titillé la conscience, choqué et interpellé. Je ne suis pas un historien ni politicien pour expliquer, ici sur ce blog les raisons et les racines de cette « haine anti-Juif ». Je suis juste un simple citoyen, chanceux de vivre sur un pont entre deux mondes tellement lointains et proches à la fois.
C’est bien ce tiraillement entre les deux versions de l’histoire, qui m’ont amené à travailler, à côté de ma vie professionnelle classique dans la transformation digitale, sur des projets d’écriture, littéraire, documentaire ou cinématographique :
D’abord, le roman « Grandir ailleurs », à l’origine un scénario de long métrage que j’ai écrit et que je devais réaliser en Syrie, mais que les circonstances politiques dramatiques de ce pays en ont voulu autrement. C’est alors que j’ai décidé d’en faire un roman. C’est l’histoire de Fadi qui après quinze ans passés en France, décide de retourner en Syrie pour retrouver ses amis d’enfance : Moussa, son ami Juif de Damas, qui l’a aidé à devenir un homme et Hala, à la beauté sauvage dans une Syrie misogyne. Commence alors un road-movie à travers la Syrie et les archives de cette histoire d’amitié gâchée et de trio amoureux.
Ensuite, auteur du documentaire « Le garage de Nabil », qui revient sur les sentiments de la société syrienne à l’égard des Occidentaux, de l’Amérique et du conflit israélo-arabe, durant la guerre d’Irak.
Puis, avec le site Moyen-Orient.fr où je raconte depuis 2007 ce qui se passe dans cette région, sans parler des conflits qui sévissent : culture, art, littérature, innovation, projets urbains, musique… Oui, au-delà des tensions, il y a une autre manière de découvrir le Moyen-Orient.
Pourquoi ce blog ?
« Journal d’un Syrien parti à la rencontre d’Israël » devait être mon carnet de route pour raconter le voyage dont j’ai toujours rêvé : partir en Israël.
Ce rêve, je l’ai réalisé. Je suis parti en Israël en tant que Syrien en mars 2023. Le carnet qui devait se tenir ici, en direct, s’est transformé en projet de livre qui sortira bientôt.
Ce ne devait pas être un voyage touristique; mais une immersion dans un pays qui m’était désigné comme ennemi. Depuis ma naissance. Par défaut. Mais au final, j’en ai décidé autrement. J’ai décidé de me mettre du côté de mon ennemi supposé et désigné. Aller à la rencontre de ceux qui m’étaient interdits.
C’est de cela qu’il s’agit sur ce blog…
Bienvenue et bonne lecture
Faraj Alexandre Rifai