1001 Histoires est un blog personnel animé par Faraj Alexandre Rifai, auteur franco-syrien. Ce site est né d’un besoin : raconter ce que l’on ne raconte jamais. Traverser les lignes de fracture et bousculer les récits figés. Déconstruire la haine pour pouvoir bâtir la coexistence et la paix.
Un Syrien en Israël : le point de départ
Tout a commencé par un électrochoc. Un jour, une productrice française m’a lancé cette phrase brutale :
« Les Syriens sont très antisémites. »
Plutôt que de m’en offusquer, j’ai voulu comprendre. Remonter le fil de mes souvenirs d’enfance, interroger la culture dans laquelle j’avais grandi, déconstruire les récits de haine absorbés dès le plus jeune âge.
Ce cheminement m’a conduit là où peu de Syriens osent aller : en Israël.
J’y ai rencontré l’« ennemi désigné »… et c’est cette rencontre qui a tout changé.
De ce voyage est né un livre – Un Syrien en Israël – mais aussi un engagement, et ce blog.
Un récit personnel, une quête de vérité
Français d’origine syrienne, j’ai passé mon enfance dans un pays qui considère Israël comme son ultime et pire ennemi. Mes deux parents étaient communistes et athées, anti-occidentaux comme tous les communistes. Et bien sûr anti-israéliens, par défaut, comme beaucoup dans la masse arabe. Ils tenaient néanmoins à nous préciser, à nous les enfants, qu’ils étaient bien sûr contre la politique israélienne, sans pour autant être contre les Juifs eux-mêmes.
Je ne peux leur enlever ni leur sincérité ni leur conviction. Mais de là où je suis désormais, j’ai pu constater que les antagonismes dans mon pays natal, la Syrie, ne se limitaient pas au champ politique, mais bien au-delà. Chaque fois que je retournais dans le pays de mes parents, je voyais combien l’histoire n’était pas racontée de la même manière – quand elle était racontée.
C’est cet antisémitisme ancré et viscéral qui m’a toujours interpellé.
Je ne suis pas historien ni politicien. Je suis un citoyen qui a eu la chance de vivre sur un pont entre deux mondes que tout semble opposer.
De l’exil à l’écriture
Ce tiraillement entre deux récits m’a amené à travailler, à côté de ma vie professionnelle dans la transformation digitale, sur plusieurs projets d’écriture : littéraire, documentaire ou cinématographique.
- Le livre Un Syrien en Israël : récit autobiographique et politique, né d’un voyage interdit. J’y raconte ma traversée des frontières mentales, culturelles et symboliques entre la Syrie de mon enfance et l’Israël réel que j’ai découvert. Un témoignage dérangeant, qui démonte les récits de haine, interroge la mémoire arabe et défend une coexistence lucide.
- Le roman Grandir ailleurs : à l’origine un scénario de long-métrage que je devais réaliser en Syrie, devenu un roman après l’effondrement du pays. L’histoire de Fadi, revenu en Syrie après quinze ans d’exil en France, à la recherche de Moussa, son ami juif, et de Hala, son amour perdu.
- Le documentaire Le garage de Nabil (auteur) : une plongée dans la perception syrienne des conflits du Moyen-Orient, des Américains et d’Israël, au cœur des années 2000.
- Le site Moyen-Orient.fr : que j’anime depuis 2007 pour raconter le Moyen-Orient autrement – à travers ses arts, ses idées, ses voix libres, au-delà des conflits et des clichés.
Pourquoi ce blog ?
« Journal d’un Syrien parti à la rencontre d’Israël » devait être un carnet de route, tenu en direct, pour raconter un voyage interdit. Ce rêve, je l’ai réalisé : je suis allé en Israël, en tant que Syrien, en mars 2023.
Ce ne devait pas être un séjour touristique, mais une immersion dans un pays désigné comme ennemi depuis ma naissance. Et j’ai décidé de me tenir du côté de cet ennemi supposé – pour comprendre, pour voir, pour raconter. Ce carnet est devenu un livre. Ce livre est devenu une parole. Et cette parole vit ici.
Et après ?
Parce que ce chemin ne pouvait s’arrêter à un récit personnel, j’ai créé Ashteret : une initiative intellectuelle et interculturelle qui prolonge cette démarche.
Ashteret (https://ashteret.org) est un espace de pensée libre, un forum pour le savoir et la coexistence, fondé sur la conviction que la lucidité, le dialogue et la laïcité sont les seuls remparts contre les extrémismes.
1001 Histoires, c’est…
- Des récits intimes et des fragments d’exil
- Des interrogations identitaires et politiques
- Des extraits de mes ouvrages (Un Syrien en Israël, Grandir ailleurs, etc.)
- Des analyses sur les récits dominants dans le monde arabe
- Des réflexions sur l’identité, l’antisémitisme, la mémoire, le dialogue judéo-arabe et les fractures contemporaines
1001 Histoires, c’est un journal de bord.
Celui d’un homme qui a grandi en Syrie, a mûri en France, et a trouvé, en Israël, le miroir d’un malaise arabe plus large : celui d’un monde prisonnier de ses récits de haine.
Bienvenue, et bonne lecture.
Faraj Alexandre Rifai