Il y a deux jours, Jean-Pierre Elkabbach nous quittait à 86 ans. Le monstre du journaliste s’est tu, mais ses mots resteront pour toujours. Voici comment on me l’a présenté pour la première fois.
Je venais d’arriver en France et de rencontrer une nouvelle amie. Je ne connaissais pas très bien le monde politique et médiatique français à l’époque.
Un soir, on regardait la télé. Mr Elkabbach interviewait une personnalité politique. La première chose que mon amie m’avait sortie : « c’est un feuj … un sale sioniste » avant de zapper vite la chaîne.
Après, ça ne s’arrêtait pas là. Elle avait une longue liste, à chaque fois, la même remarque. Et uniquement quand la personnalité était juive. D’après elle – vous avez sans doute déjà entendu le même refrain : « les Juifs possèdent les médias, les banques et le monde » … et ainsi de suite… je vous épargne les détails… tout un discours préconçu, rempli de beaucoup de préjugés antisémites.
Voilà l’antisémitisme que j’ai découvert ancré chez certains en arrivant en France. Je pensais naïvement qu’il n’existait que dans mon pays natal la Syrie.
On ne devrait pas parler comme ça avec quelqu’un qui vient d’un pays où l’antisémitisme est banalisé… On pourrait plutôt l’aider, le pousser à s’y éloigner ! Et non pas l’encourager à rester dans ses à priori ! Le mettre en garde s’il y vient.
Depuis, j’ai bien vécu et j’ai surtout vu en Mr Elkabbach un immense journaliste, professionnel de haute volée. Je me souviens de ses belles interviews politiques, notamment la dernière avec Mitterrand. De ses répliques froidement sorties et ses phrases cultes comme « vous n’avez pas honte »… Il était l’une des personnalités médiatiques qui m’ont donné le goût et la passion de la politique.
Je ne suis pas certain qu’on aie aujourd’hui un journaliste de ce gabarit !
Un monstre sacré du journalisme s’en est allé
Merci Monsieur Jean Pierre Elkabbach
Reposez-vous en paix
Mes pensées accompagnent vos proches