Un tremblement de terre a frappé la Syrie et la Turquie à sept jours de mon départ en Israël. Le bilan se lève à plus de 9500 morts, selon de nouveaux bilans officiels aujourd’hui. Les vagues d’indignation, de tristesse et de solidarité dépassent les frontières. Y compris en Israël où l’on voit des milliers de personnes déclarer leur peine et leur sympathie sur les réseaux sociaux. Certains ont même appelé à des élans d’entraide pour envoyer un soutien médical et matériel aux camps de réfugiés entassés dans les zones sinistrées au nord de la Syrie.
Au-delà de ma propre douleur pour cette catastrophe qui anéantit mon pays natal, deux choses m’ont beaucoup touché et interpellés depuis deux jours. D’abord, la décision du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu d’approuver l’envoi d’aide humanitaire à la Syrie. Bien sûr, et sans surprise, la main tendue des Israéliens a toute de suite été rejetée. Les autorités syriennes ont démenti avoir formulé la moindre demande auprès de leur ennemi juré. Ce qui est complètement attendu, mais surtout dramatique, lorsqu’on connait la situation dans cette Syrie détruite par la guerre et que la mère nature ne l’a guère épargnée non plus. La politique a pris encore une fois le devant sur l’humain.
Le plus effarant pour moi, ce sont les réactions que j’ai lues et entendues sur les réseaux sociaux. Il y a ceux qui refusent toute aide de la part des Israéliens, y compris dans le camps des opposants au régime. Des opposants qui vivent en Europe ou en Turquie. Sans doute que ces gens préfèrent-ils voir mourir les milliers de victimes (supplémentaires) plutôt que d’accepter un appui humanitaire.
Il y a aussi ceux qui souhaitent les pires malheurs à ceux qui leur tend la main. Imaginez donc un pompier venir pour vous sauver dans les décombres, et que le gardien de votre immeuble – ou l’un de vos proches – refuse son intervention, tout en l’insultant et lui souhaitant la mort la plus atroce. Pendant ce temps, vous avez le temps de mourir. C’était le cas de nombreuses réactions sur Twitter durant les dernières heures. Répondant aux nombreux messages de soutien de la part de citoyens israéliens, nombreux Syriens ou ou d’autres de nationalités arabes répliquaient par des mots ingrats, haineux et très violents. Dans certains messages on invoqua même Dieu pour qu’il inflige le même sort aux enfants israéliens.
Pire : à la question d’un Twittos israélien qui demandait « les Syriens sympathiseraient-ils avec nous si le tremblement de terre s’était produit en Israël ? » les réponses furent on ne peut plus catastrophiques. Ceux qui venaient d’être frappés par le malheur, souhaitent le pire à ceux qui leur prêtent main forte. Certains ont imploré leur dieu pour étendre ce tremblement et « engloutir toute la Palestine pour que les Juifs disparaissent une fois pour toutes et que les Palestiniens puissent récupérer leur terre ».
Y compris les deux millions d’Arabes Israéliens donc ?
Comment cette haine peut aveugler les cœurs des hommes à ce degré ? Comment elle peut tuer toute humanité dans leurs esprits ?
Face à cette violence, il a de quoi me décourager mais aujourd’hui je veux garder espoir. Le discours de la paix grandira comme une boule de neige sur la longue route, pour que, enfin, Israéliens et Syriens puissent au moins honorer leur humanité respective. S’accepter. Se respecter. Pour peut-être un jour s’aimer.
Et le volcan latent de la paix finira par jaillir …