La journée internationale en mémoire des victimes de l’holocauste m’a particulièrement touché cette année. Bien sûr, il y a l’émotion due au souvenir de ces six millions de victimes juives, tuées parce que Juives. Mais le plus troublant, c’était d’entendre un artiste émirati, Ahmed Al Husseini, chanter en hébreu l’hymne national israélien, à l’occasion de la Journée internationale de l’Holocauste à Dubaï. L’événement n’est pas seulement inédit, qui aurait osé imaginer cela il y a encore quelques mois.
Au-delà de ces moments saisissants, il y a l’importance de souligner la décision courageuse des Émirats arabes unis d’enseigner le Shoah dans les écoles émiraties. A ma connaissance, il est très rare (quasi inexistant?), à ce jour, de voir cet enseignement dans l’éducation publique d’un État arabe.
En tout cas, moi personnellement, je n’ai pas eu cette opportunité quand j’étais dans les écoles syriennes. Seulement en raison de la culture communiste que j’ai reçue de mes parents, j’ai eu accès à la littérature de propagande soviétique. On y parlait évidemment des crimes nazies mais en gommant la dimension juive : « les victimes étaient des opposants aux nazis, et seulement ». Est-ce un problème de la traduction du russe en arabe ? Une sorte de filtration de l’histoire ? Je ne sais pas. A l’époque, il n’y avait ni internet ni une information libre pour trouver une autre version de l’histoire enseignée. Il a fallu que je vienne en France, et qu’un ami allemand rencontré lors de mes études supérieures à Paris, me fasse lire le fameux livre « exodus »; comme une introduction à cette histoire qui m’avait été cachée ou occultée. Une révélation pour moi aussi…
Oui, il est important de raconter l’histoire de l’holocauste que peu de gens connaissent dans les pays arabes, de rappeler aux nouvelles générations du Moyen-Orient les atrocités du Shoah. Je suis conscient de la difficulté de la chose, car cet enseignement ne va pas changer le regard envers Israël « en un coup de baguette magique »; non; mais il sèmera les graines nécessaires pour récolter moins de haine et moins de violence. Peut-être. Je l’espère.