Le sommet arabe du Caire s’est conclu, une fois encore, dans le ronronnement habituel des formules creuses et des engagements sans lendemain. La vieille litanie du « soutien au peuple palestinien », du « rejet de l’occupation » et de « la solution à deux États » a été récitée avec la même solennité usée, sans jamais oser nommer l’éléphant au milieu des ruines : le Hamas.
Pas un mot sur le démantèlement des factions islamistes. Pas un mot sur la responsabilité de ce groupe dans la destruction systématique de Gaza, pas un mot sur sa mainmise violente sur la bande, sur ses détournements des aides internationales, sur sa stratégie assumée de sacrifice et de chaos. Pas une phrase sur la culture de la haine qu’il inocule, depuis l’enfance, dans les esprits de Gaza.
À la tribune de la Ligue arabe, hier, un ancien chef d’un groupe djihadiste syrien affilié à Al-Qaida a pu prendre la parole. Il y a peu, il faisait couler le sang en Irak et en Syrie, égorgeant et semant la terreur au nom de son idéologie morbide. Hier, il pérorait contre Israël, comme si ce simple exercice suffisait à absoudre toutes les infamies passées. Rien d’étonnant : la cause palestinienne est devenue, depuis longtemps, la lessiveuse universelle, capable de blanchir dictateurs, marchands de haine et islamistes de leurs idéologies les plus funestes.
Hier, les dirigeants arabes réunis au Caire ont osé promettre, comme à chaque fois, que le Hamas accepterait de se mettre en retrait pour permettre la reconstruction de Gaza. Promesse absurde, qui ne sera jamais tenue. Pire, ce sommet a donc bâti un énième plan de reconstruction sans même évoquer celui qui a conduit Gaza à sa perte. Mahmoud Abbas, lui, a ressorti sa vieille rengaine sur des élections à venir, les mêmes qu’il refuse d’organiser depuis vingt ans.
Et pour cette reconstruction fantasmée, des milliards ont été réclamés. On peine à se rappeler qu’en 2005, lors du retrait israélien, Gaza était une terre pleine de promesses. Les Israéliens y avaient laissé des infrastructures modernes, des quartiers entiers construits, des serres agricoles de haute technologie, des kibboutz florissants. Le Hamas a tout détruit, tout détourné. Chaque dollar d’aide a été siphonné au profit des tunnels de la mort, des roquettes et de la propagande.
Reconstruire Gaza aujourd’hui, sans poser comme préalable la disparition politique et militaire du Hamas, c’est promettre la prochaine guerre. C’est nourrir le monstre qui a dévoré Gaza. C’est préparer le prochain pogrom. C’est surtout offrir, sur un plateau d’or, des milliards supplémentaires à une organisation qui n’a jamais su faire autre chose que ruiner son propre peuple.
Ce sommet arabe est un échec de plus. Il signe l’acte de décès politique d’une Ligue arabe incapable de changer de discours. Hier, à la tribune, Joulani parlait comme Assad. Les mêmes slogans anti-israéliens, les mêmes condamnations pavloviennes, les mêmes silences complices sur les crimes du Hamas. Rien sur la responsabilité des islamistes palestiniens. Rien non plus sur la guerre culturelle pourtant essentielle contre cette idéologie de la haine qui gangrène non seulement Gaza, mais l’ensemble du monde arabe. Et pour cause : tous les marchands de la cause se nourrissent de cette haine, et ils l’entretiennent comme on entretient un feu sacré.
Car reconstruire Gaza, ce n’est pas seulement une affaire de ciment et de milliards. C’est d’abord et avant tout une affaire de vérité. Il faut dire qui a détruit Gaza. Il faut dire qui l’a volée, qui l’a piégée, qui l’a sacrifiée. Il faut nommer les responsables, les islamistes, le Hamas, les factions terroristes — et rompre enfin avec cette complaisance criminelle qui sacralise la violence au nom de la cause.
Reconstruire Gaza, c’est libérer Gaza. Non seulement de ses ruines, mais aussi de ceux qui l’ont défigurée, les islamistes palestiniens.