Le réfugié palestinien qu’il n’a jamais été et qu’on voulait obliger à être. J’avais un neveu qu’on disait Palestinien. Malgré lui et la vérité génétique, on lui a collé cette étiquette toute sa vie. Évidemment il était né en Syrie, en plein Damas. Sa mère, qui est ma sœur, est syrienne. Son père est aussi né en Syrie, de père palestinien arrivé en 1948, et de mère italo-brésilienne.
Vous l’aurez compris, génétiquement, mon neveu ne pouvait être que 25% « Palestinien ». Et malgré ça, on le forçait à avoir le statut du réfugié et une nationalité qui n’était pas la sienne. Il n’avait absolument pas le droit d’avoir la nationalité syrienne, lui qui ne connaissait aucun autre pays, avec son accent purement damascène en plus – les réfugiés palestiniens en syrie gardent en général un accent spécifique.
À l’école on l’appelait et on le traitait de palestinien. Dans la famille, les cousins aussi l’appelaient le palestinien. Quand je plaisantais en l’appelant « le palestinien » pour le taquiner, il me reprenait toujours, me corrigeait « non je suis le syrien, suis damascène» (لا انا سوري شامي) …
Mon neveu n’était pas palestinien malgré toutes les injonctions, les étiquettes et les papiers d’identité qu’on lui imposait. Aucun membre de sa famille paternelle ne vivait en « Palestine » encore moins dans un camp de réfugié palestinien. Et pourtant, son statut administratif, était celui d’un réfugié palestinien, hérité de son grand père paternel.
Avez-vous une idée pourquoi je dis « il était » et non pas « il est » ? Parce que mon neveu « le palestinien » est mort en Syrien. Il était parmi les premiers jeunes qui étaient descendus dans la rue en 2011 contre le régime syrien. Il était laïque et athée, et surtout pour une Syrie libre et démocratique. Il aimait son pays la Syrie même s’il n’était pas considéré syrien.
Vite le régime l’a arrêté et l’a mis dans la fameuse prison de Saidnaya dont il n’était plus jamais ressorti. Un jour sa mère a reçu la nouvelle de sa mort, après plusieurs mois d’attente sans nouvelles, et surtout sans avoir le droit de l’enterrer. On ne lui a jamais redonné son corps.
Mon neveu est né syrien, mort syrien et pour la Syrie. Et pourtant dans les statistiques, il restera palestinien. Et il n’aura même aucune tombe en Syrie.
Sinon, avez-vous compris aussi pourquoi je dis «je n’ai de leçons à recevoir de personnes » ? C’est valable pour la Syrie et sa guerre.
C’est valable pour les palestiniens innocents dont je déplore la mort. Je n’ai surtout pas de leçons à recevoir quant à mon soutien désormais inconditionnel à Israël. Car je suis profondément convaincu qu’Israël constitue plus une opportunité pour le moyen-orient, creuset de tant de belles civilisations qu’un insoluble problème… y compris pour les palestiniens.
Et je continuerai à m’exprimer….