À mes amis juifs et israéliens, en ce jour de Yom Kippour, je vous demande pardon.
En cette période de réflexion et de repentir, je tiens à vous adresser un message personnel, sincère et profond. J’ai grandi dans une culture de haine, celle qui empoisonne depuis des décennies la région d’où je viens, la Syrie. Dans cette atmosphère, j’ai été imprégné dès mon plus jeune âge de la détestation d’Israël et des Juifs. J’ai nourri une haine injuste à votre égard, au point de rêver, enfant, de votre destruction.
Je me réjouissais des tragédies qui vous frappaient. Je me réjouissais de la mort d’Israéliens, convaincu qu’elle servait une cause juste. Je me souviens d’avoir ressenti de la satisfaction en regardant les images de soldats capturés, lynchés par des foules enragées, durant la guerre de Kippour, comme si ces scènes de violence justifiaient la souffrance à laquelle j’avais été conditionné à croire.
Mais aujourd’hui, je comprends combien tout cela était fondé sur des mensonges et des manipulations. Sur une culture de haine et de violence.
En arrivant en France, en m’ouvrant à d’autres vérités, j’ai réalisé à quel point cette haine était non seulement injuste mais inhumaine. Destructrice. Elle peut être meurtrière.
J’ai surtout compris que vous, les Juifs et les Israéliens, avez été les victimes d’injustices historiques profondément enracinées, et que la haine dirigée contre vous n’est rien d’autre que l’expression de cette violence sans fondement. Depuis des décennies, tous les ennemis qui vous entourent ne vous reconnaissent aucun droit sur votre terre ancestrale. Pire, ils ont toujours voulu votre mort.
En ce jour saint de Yom Kippour, je vous demande pardon.
Pardon pour les pensées que j’ai pu avoir, pour les sentiments que j’ai nourris, et pour la manière dont j’ai perçu les souffrances que vous avez endurées.
Ce pardon, je le demande non seulement pour moi, mais pour toutes les voix, comme la mienne autrefois, qui ont été trompées par cette culture de haine dans laquelle nous avons grandi.
Je tiens également à demander pardon aux victimes du 7 octobre. Ces innocents qui ont perdu la vie ou leur liberté. À ceux qui souffrent encore aujourd’hui, je demande pardon. À ceux qui sont restés dans l’horreur des tunnels, pris en otage par la haine et la violence. À ces femmes otages, arrachées à leur vie et à leur liberté, je demande pardon. Et je pense à Kfir et Ariel, ces enfants innocents, victimes des ignobles monstres islamistes.
Je vous demande surtout pardon pour l’inversion accusatoire dont vous êtes victimes. Sans le pogrom du 7 octobre, rien de cette horreur ne serait arrivé. On ne vous reconnaît même pas votre statut de victimes et le droit à la légitime défense. On vous revêt de l’habit de l’agresseur, vous qui êtes les agressés en train de vous défendre.
Si vos ennemis, si ceux qui vous haïssent avaient seulement un cinquième de votre humanité, un cinquième de la dignité et de votre résilience avec laquelle vous affrontez l’adversité, nous n’en serions pas là aujourd’hui.
Il est si facile de condamner Israël, de propager des idées simplistes et destructrices, sans jamais comprendre la complexité de votre réalité, ni reconnaître la part d’humanité qui existe en chacun de vous.
Mon cheminement passe par la reconnaissance de cette humanité, par le rejet de cette haine injuste et déshumanisante, et par mon engagement à œuvrer pour une meilleure compréhension entre nos peuples.
En ce jour où vous demandez pardon à Dieu et à vos proches, je vous demande également de m’accorder le vôtre, en espérant pouvoir construire, à partir de ce geste, un futur où la paix et la justice l’emporteront sur la haine.
G’mar Chatima Tovah.