Aujourd’hui, 29 avril 2025, alors qu’Israël entre dans la célébration de son indépendance, moi, fils de Syrie la célèbre aussi.
Pendant qu’Israël se construisait, que ses pionniers faisaient fleurir le désert et bâtissaient les fondations d’une nation libre, les miens s’enfermaient dans le refus catégorique, la négation absolue, la haine viscérale. Ils promettaient la mort et vengeance. Ils faisaient de la destruction d’Israël une obsession.
Pendant qu’un peuple rescapé du pire aimait la vie avec une passion inextinguible,
les miens s’enivraient de promesses de mort.
Comme l’avait si bien dit Golda Meir :
“Nous pourrons avoir la paix avec les Arabes le jour où ils aimeront leurs enfants plus qu’ils ne nous haïssent.”
Je suis de ceux qui ont grandi du mauvais côté de l’Histoire et de la géographie. Du côté de la justification de la haine. Et du rejet.
On m’avait appris à haïr un peuple que je ne connaissais pas, à nier son existence, son humanité, son droit à vivre librement sur la terre de ses ancêtres.
Pire.
On m’avait menti.
Puis est venu le jour où j’ai foulé cette terre, après un long cheminement, d’hésitations et de doutes.
Le jour où j’ai vu de mes propres yeux ce que l’on m’avait interdit de voir :
un peuple debout, blessé mais vivant, marqué par la douleur mais tendu vers la vie.
Ce voyage, que je raconte dans mon livre Un Syrien en Israël, a été une déchirure intérieure, mais aussi une libération.
En visitant le musée de la Haganah, par exemple, le musée de l’armé de mon pire ennemi, en marchant dans les rues d’une Jérusalem redevenue capitale souveraine, en parcourant les routes de l’indépendance, ses combats et ses traces, j’ai mesuré tout ce que l’on avait voulu m’arracher :
la vérité, la justice, la possibilité même de voir l’autre autrement que comme un ennemi. L’amour de la vie. L’humanité d’un peuple. Sa résilience. Son attachement à sa terre et son histoire. Et surtout sa compassion même envers ceux qui le haïssent.
Israël est né d’une promesse ancienne, portée à travers les siècles.
Israël est né parce que la vie a triomphé de la mort.
Parce que l’amour de la vie a été plus fort que toutes les haines et la mort.
Ce jour d’indépendance n’est pas seulement une fête nationale ;
c’est un acte de foi dans l’avenir, un témoignage vivant que le rêve de liberté peut survivre aux pires tragédies.
La paix ne viendra pas sans justice.
La paix ne viendra pas par des traités imposés, ni par des discours creux.
La paix ne viendra que lorsque les miens reconnaîtront enfin
le droit du peuple d’Israël à vivre libre sur sa terre éternelle et historique,
avec Jérusalem pour capitale.
C’est cela, la véritable justice.
Et sans justice, il n’y aura jamais de paix.
Aujourd’hui, moi, fils de Syrie,
je choisis la vérité contre le mensonge,
la vie contre la mort,
la justice contre la haine.
Yom Ha’atzmaout Sameah.
עם ישראל חי