Le premier Israélien avec qui j’ai parlé en arrivant à Tel Aviv pour la première fois était un Juif d’Irak. C’était dans le quartier de Carmel Market. Je patientais sur une terrasse de café, en attendant l’entrée dans ma location. Il m’a pris pour un touriste un peu perdu avec mon guide à la main, et m’a demandé si j’avais besoin d’aide.
Vite, nous avons entamé une discussion. Je lui ai dit que j’étais Syrien et que je venais d’arriver en Israël pour la première fois de ma vie, il y a à peine deux heures.
À ce moment-là, j’ai aperçu une lueur dans ses yeux, une étincelle, peut-être des larmes. Il n’y croyait pas.
Nous ne nous connaissions pas, mais il a commencé à me raconter son histoire : comment il avait fui l’Irak, à pied, à travers les montagnes, voyageant de nuit pour atteindre la Turquie, où il avait pris un avion pour Israël.
Il m’a expliqué que son père et une partie de sa famille ne voulaient pas quitter l’Irak. Son père, m’a-t-il dit, ne se considérait pas sioniste ; il se voyait uniquement comme Irakien, profondément attaché à son pays.
Ce n’est que des années plus tard, après que Saddam Hussein l’eut emprisonné et failli le faire exécuter, que son père comprit qu’il devait quitter l’Irak.
Cette rencontre inattendue m’a profondément touché. Elle a marqué le début de mon périple israélien, comme un signe du destin, à la découverte de ce magnifique peuple, résilient et profondément humaniste.
Par la suite, j’ai eu la chance de rencontrer d’autres Juifs d’Irak et de Syrie en Israël. Ils m’ont raconté leurs souffrances : les Farhouds (pogroms), les pillages dont ils étaient victimes, et surtout la haine viscérale qui les entourait. J’en avais honte d’être né au milieu de ceux qui couvaient dans leur cœur autant de haine. Comment est ce possible ?
Et malgré tout cela, malgré cette hostilité qui les oppressait en Syrie et en Irak, ils sont restés très attachés à leurs racines. Ce Juif irakien, aujourd’hui à la retraite, enseigne l’arabe aux jeunes issus de la communauté juive d’Irak et de Syrie, transmettant ainsi leur culture et leur histoire. Il y tient, comme beaucoup d’autres comme lui, et j’avoue que cela m’étonne beaucoup vu la souffrance qu’ils ont endurée dans ces pays.
Ne l’oubliez pas : la Nakba juive, c’est près d’un million de Juifs contraints de tout abandonner pour fuir la haine antisémite et les Farhouds.