L’histoire de la prise d’Alep, en 2016, par les forces du régime syrien soutenues par l’Iran et ses milices, et celle d’aujourd’hui où des factions rebelles semblent reprendre des territoires, ne peuvent être comprises sans replacer ces événements dans un contexte géopolitique plus large. L’affaiblissement de l’Iran au Moyen-Orient, à travers des revers en Syrie, au Liban et ailleurs, marque une étape significative
Mais cette dynamique soulève une question essentielle : quelle alternative au régime actuel ?
Le rôle de l’Iran et le poids de Soleimani
Soleimani, figure centrale de l’expansion iranienne au Moyen-Orient, a été l’architecte des victoires militaires en Syrie, notamment par le siège et la prise des quartiers est d’Alep. Ces victoires furent obtenues au prix d’un bain de sang pour la population syrienne.
Aujourd’hui, alors que des Syriens arrachent ses portraits et célèbrent l’affaiblissement de l’Iran, on pourrait croire à une avancée pour la cause syrienne. Mais la réalité est plus complexe.
Les islamistes et djihadistes, fossoyeurs de la révolution syrienne
Depuis 2011, la révolution syrienne portait en elle l’espoir d’un renversement du régime de Bachar al-Assad, une promesse de liberté et de dignité pour le peuple syrien.
Cependant, cet élan a été progressivement tué par la montée en puissance des factions islamistes et djihadistes.
Ces groupes, comme Al-Qaïda et Daech, ont non seulement détourné la révolution de ses objectifs initiaux, mais ont aussi divisé et discrédité l’opposition syrienne sur la scène internationale.
Il est crucial de rappeler que remplacer Assad par un État islamiste ne représente en aucun cas une solution viable. Les Syriens, qui ont souffert sous un régime dictatorial, ne méritent pas de tomber sous une autre forme de tyrannie, qu’elle soit religieuse ou sectaire.
L’urgence d’une opposition unifiée et non radicale
La seule voie pour sortir de l’impasse syrienne est l’union d’une opposition modérée et pluraliste, capable de rejeter l’islamisme radical et de restaurer les aspirations initiales de la révolution.
Cette union ne peut se construire qu’en excluant les factions extrémistes et en privilégiant une vision nationale qui respecte la diversité ethnique et religieuse de la Syrie.
Un espoir fragile : affaiblir l’Iran sans renforcer l’islamisme
L’affaiblissement de l’influence iranienne en Syrie constitue un point positif dans cette crise, car il réduit l’emprise des forces étrangères sur le pays. Toutefois, cet affaiblissement ne doit pas ouvrir la voie à un autre danger : la création d’un État islamiste. Le peuple syrien a besoin d’une alternative crédible, ni dominée par un régime autoritaire, ni par des groupes extrémistes.
La chute de Soleimani et la pression sur le Hezbollah au Liban peuvent marquer une nouvelle phase, mais cette dynamique ne sera positive que si elle s’accompagne d’une refonte de l’opposition syrienne autour de valeurs de liberté, de justice et de respect des droits de l’homme.
Alep symbolise aujourd’hui une croisée des chemins pour la Syrie. Si l’affaiblissement de l’Iran est une opportunité, il faut impérativement éviter que ce vide ne soit comblé par des groupes extrémistes. Le peuple syrien mérite mieux que le choix entre un régime oppresseur et des factions radicales. La révolution syrienne peut renaître, mais seulement si elle rejette les dérives islamistes qui ont contribué à sa perte. Seule une opposition unie et non radicale pourra redonner à la Syrie l’espoir d’un avenir digne et souverain.
Faraj Alexandre Rifai