Ce week-end, j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec mon amie israélienne qui veut me mettre en relation avec des Israéliens de la société civile. Alors que la tension battait son plein suite à l‘attentat terroriste qui a frappé Jérusalem vendredi dernier, elle me dit que l’un de ses amis ne souhaitait pas – voir refusait – me rencontrer. Il se sentait « mal à l’aise » à l’idée de recevoir ou de parler avec un Syrien.
En tant qu’ancien militaire à la retraite, et qui avait sans doute combattu les Syriens sur le font de nord, se retrouver face à un Syrien dont le père aurait pu être de l’autre côté des frontière, la réaction est on ne peut normal. En tant qu’ennemis, ces deux soldats se seraient donnés à un vif combat, l’un cherchant à détruire l’autre. Peut-être les amis de l’un auraient été tués par les camarades de l’autre ou l’autre lui-même ?
Je sais et pressens l’imaginaire israélien à l’égard des Syriens. J’imagine surtout qu’ils voient en eux leurs les pires adversaires : ceux qui avaient toujours refusé la paix et l’existence même de l’état de « l’ennemi sioniste » ; ceux qui se considéraient comme « les gardiens du temple de la Nation arabe face à Israël » ; ceux qui soutiennent des organisations prônant le terrorisme et la violence contre « ce corps étranger qui ne sera jamais toléré » ; ceux qui se seraient même donné à des actions terroristes visant des citoyens israéliens…
Je pourrais énumérer une interminable liste de raisons pour lesquelles ce monsieur ne s’était pas senti à l’aise ou enchanté à l’idée de me rencontrer. J’imagine ce que je peux évoquer pour lui. J’imagine aussi qu’il ne sera pas le seul à avoir peur à l’idée de se retrouver en face de moi. J’imagine les questionnements. Les regards méfiants et la résistance. Le refus.
Et malgré toutes ces résistances, je veux me confronter à mon « ennemi désigné ». Je veux qu’il ne le soit plus.