Alors qu’un cessez-le-feu doit entrer en vigueur demain au Liban, il est légitime de s’interroger sur son efficacité réelle, tant que des questions fondamentales restent en suspens. Si ce cessez-le-feu marque un répit temporaire, son succès dépendra largement de la résolution de problèmes structurels profondément enracinés dans le pays.
Le défi du désarmement des milices pro-iraniennes
Le Hezbollah, bras armé de l’Iran au Liban, représente le principal obstacle à une paix durable. Comment envisager un cessez-le-feu sérieux lorsque cette organisation continue de s’armer massivement, en violation flagrante de la résolution 1701 des Nations unies ?
Cette résolution, adoptée en 2006, exigeait le désarmement des milices non étatiques et le contrôle exclusif du territoire par l’armée libanaise. Pourtant, le Hezbollah n’a jamais respecté cette injonction. Il conserve un arsenal sophistiqué qui dépasse largement les capacités de l’armée libanaise elle-même.
Ces armes, le Hezbollah ne les garde pas seulement pour “résister” à Israël, mais aussi comme moyen de pression interne. Elles servent à intimider les Libanais, influencer la politique nationale, et peser sur de futures élections.
Tant que ce désarmement ne sera pas une priorité, tout cessez-le-feu restera une trêve fragile, facilement brisable selon les intérêts de Téhéran.
Les frontières passoires avec la Syrie
Un autre facteur compromettant l’efficacité de ce cessez-le-feu est l’absence de contrôle effectif aux frontières entre le Liban et la Syrie.
Ces passages, largement infiltrés par le Hezbollah, permettent le flux continu d’armes, de combattants et de capitaux venant d’Iran via Damas. Sans une véritable sécurisation des frontières, les efforts pour stabiliser le Liban risquent d’être réduits à néant.
La France et la communauté internationale : des exigences faibles ?
La France, historiquement proche du Liban, semble paralysée face à la question du Hezbollah. À force de ne pas vouloir “brusquer” l’équilibre délicat du pays, Paris ferme les yeux sur le rôle déstabilisateur du Hezbollah.
Cette complaisance empêche toute pression significative sur la communauté internationale pour accompagner l’armée libanaise dans la reprise du contrôle national.
Pourtant, il est clair que seule une armée nationale forte, soutenue matériellement et politiquement, pourrait réellement garantir la souveraineté du Liban et réduire l’influence iranienne.
La communauté internationale, de son côté, semble s’être habituée au statu quo. Elle ne pousse ni à l’application stricte de la résolution 1701, ni à des mesures concrètes pour renforcer les institutions libanaises.
Le résultat ? Un vide sécuritaire et institutionnel qui permet au Hezbollah de prospérer, au détriment de la stabilité régionale.
Des questions qui restent sans réponse
- Comment garantir que ce cessez-le-feu sera respecté par un Hezbollah qui n’a jamais appliqué les résolutions onusiennes ?
- Que fera le Hezbollah de son arsenal ? Continuera-t-il à l’utiliser pour peser sur le Liban et manipuler ses institutions démocratiques ?
- La France, et plus largement la communauté internationale, auront-elles le courage de formuler des exigences claires concernant le désarmement des milices et le renforcement de l’armée libanaise ?
Un scepticisme justifié
Tant que ces questions ne trouveront pas de réponses concrètes, il est difficile de croire que ce cessez-le-feu mènera à une paix durable. Il risque de n’être qu’un pansement sur une plaie profonde, incapable de guérir les véritables maux qui rongent le Liban : la militarisation d’un acteur non-étatique au service d’une puissance étrangère.
Le temps est venu pour la communauté internationale, et notamment pour la France, de cesser les demi-mesures et de soutenir activement un Liban libre, souverain, et débarrassé des ingérences étrangères.