Un accord de cessez-le-feu a été conclu entre l’Iran et Israël. Annoncé comme une percée diplomatique par certains cercles, il suscite en réalité plus de questions que de réponses. À en croire le centre Trends Research & Advisory, le président américain Donald Trump aurait personnellement orchestré cette désescalade, avec l’appui du Qatar, après l’attaque iranienne contre la base d’Al-Udeid.
Mais derrière cette narration se cache une série de questions stratégiques qui méritent un examen approfondi :
Une médiation hors des canaux officiels
Selon les informations rapportées par NBC et Trends, Trump aurait directement appelé Benyamin Netanyahou et activé ses anciens réseaux — notamment Mike Pompeo — pour contraindre les deux camps à cesser les hostilités. Le tout à partir de Mar-a-Lago, à des milliers de kilomètres des théâtres d’opération. L’Iran, de son côté, aurait accepté d’interrompre ses frappes en échange de la promesse qu’Israël ne répliquerait pas.
La médiation aurait transité par Doha, confirmant une fois de plus le rôle ambigu du Qatar : à la fois complice notoire des Frères musulmans et partenaire stratégique des États-Unis.
Ce triangle Trump-Qatar-Iran est loin d’être neutre, et révèle une diplomatie parallèle échappant à tout cadre institutionnel.
Des questions restent en suspens
Selon Trends , les contours de cet accord restent flous. Notamment sur la question du nucléaire.
En d’autres termes, Israël a-t-il renoncé à frapper les installations nucléaires iraniennes ? A-t-il été contraint au silence en échange d’une accalmie provisoire ? Et si tel est le cas, à quel prix ?
Les conséquences potentielles pourraient être graves : un régime islamiste hostile à Israël pourrait gagner du temps pour finaliser ses capacités nucléaires, pendant que la communauté internationale applaudit un “cessez-le-feu” présenté comme un progrès diplomatique.
Si les sites nucléaires iraniens restent hors de portée, l’accord pourrait se révéler contre-productif à moyen terme, voire dangereux.
Le régime des mollahs : gagnant stratégique ?
Il est frappant de constater que l’accord est présenté comme un compromis mutuel, alors qu’en réalité, l’agresseur initial est bien l’Iran, qui a frappé une base abritant des forces occidentales. Et pourtant, au lieu d’en payer le prix, Téhéran semble en sortir renforcé : il a démontré sa capacité de nuisance, forcé une réaction diplomatique rapide, et obtenu une désescalade qui lui donne de l’oxygène stratégique.
En cela, cet épisode rappelle d’autres arrangements internationaux qui, sous couvert de désescalade, ont gelé les conflits sans les résoudre, laissant le terrain miné pour l’avenir.
Le Qatar, toujours au centre des du jeu
Ce cessez-le-feu confirme une fois de plus le double jeu du Qatar : médiateur quand cela l’arrange, financier du Hamas dans d’autres contextes, partenaire militaire des États-Unis tout en étant l’hôte d’islamistes notoires. Cette diplomatie de l’ambiguïté, rendue possible par la faiblesse occidentale, continue de façonner les équilibres régionaux à son avantage, au détriment des valeurs que l’Europe prétend défendre.
Derrière cette façade d’accord se cache une dynamique inquiétante : l’Iran, loin d’être affaibli, tire profit du chaos qu’il a lui-même déclenché. L’intervention de Trump, bien que pragmatique, ne résout rien sur le fond. Elle illustre simplement la vacuité stratégique des puissances européennes, spectatrices passives de leur propre marginalisation.
Ce cessez-le-feu risque d’être une simple pause tactique, peut-être utile, mais pas nécessairement une garantie de paix. Et surtout, c’est une alarme : celle d’un monde qui traite avec les pyromanes comme s’ils étaient des pompiers.
Une dernière question s’impose
Après ce cessez-le-feu imposé, après cette démonstration de force suivie d’une accalmie suspecte, assiste-t-on au retour de l’Iran à la table des négociations nucléaires avec les États-Unis ?
Tout l’indique :
• Washington a renoncé à toute escalade militaire après l’attaque iranienne sur Al-Udeid.
• Les remerciements publics de Téhéran laissent entendre un terrain d’entente discret.
• Et surtout, les conditions du cessez-le-feu semblent alignées sur les exigences iraniennes, y compris le gel des frappes israéliennes.
Alors la question est là, brutale :
Le cessez-le-feu était-il le prélude à un nouveau round de concessions occidentales ?
Ou un marché cynique sacrifiant la sécurité d’Israël pour amadouer les mollahs ?
Et si l’Iran revient à la table des négociations, qui dictera les termes cette fois-ci ?