L’histoire de l’équipe irlandaise refusant de serrer la main des joueuses israéliennes me rappelle une expérience personnelle d’il y a plusieurs années.
Je venais d’arriver en France, quittant ma Syrie natale pour poursuivre mes études. On m’avait invité à un événement réunissant des étudiants étrangers venus de nombreux pays. Parmi eux, un groupe d’étudiants israéliens et un autre, d’étudiants syriens. Lors des présentations, nous, les Syriens, avions catégoriquement refusé de serrer la main des Israéliens. Nous refusions tout échange avec eux : pas un mot, pas un regard. Un rejet total, malgré leurs nombreuses tentatives, empreintes de bienveillance, pour engager un simple dialogue d’étudiants.
Comme eux, nous n’étions pas des représentants officiels de nos pays, mais nous leur avons malgré tout refusé ce geste de base : leur serrer la main. Je me souviens encore des réactions des autres étudiants, étrangers et français, face à notre attitude. La majorité, notamment les Européens, la désapprouvaient. Nous les traitions alors de « sionistes vendus aux Israéliens »… (comme on me traite parfois aujourd’hui).
L’équipe irlandaise, comme bien d’autres, aurait pu être un exemple de paix, mais ce geste qu’ils ont choisi ne fait qu’attiser davantage la haine. Quand je vois cette attitude, si contraire à l’esprit sportif, je ne peux m’empêcher de penser que si j’étais arrivé de ma Syrie natale aujourd’hui, j’aurais probablement suivi leur exemple.
Pour moi, le sport est justement cet espace où nous pouvons – et devons – dépasser nos différends, même les plus profonds. Serrer la main, ce n’est pas renoncer, ce n’est pas abdiquer.
Je repense à cette cérémonie où, « fièrement », j’avais refusé de serrer la main des étudiants israéliens. Depuis, j’ai cheminé. Grâce à la France, j’ai pu dépasser les préjugés et les accusations systématiques portées contre Israël depuis des décennies. Heureusement pour moi, j’ai eu l’opportunité de rencontrer d’autres Israéliens, à qui j’ai non seulement serré la main, mais que j’ai aussi pris dans mes bras. Je suis surtout allé à leur rencontre, à la rencontre d’un peuple que l’on m’avait appris à considérer comme ennemi.
Et vous savez quoi ? J’en suis fier.
Un jour, j’en suis convaincu, la paix entre la Syrie et Israël sera possible.