Je n’ai pas grandi avec Rosh Hashana. En Syrie, ce mot n’existait pas dans notre vocabulaire, sinon pour désigner un ennemi. Aujourd’hui, il fait pourtant partie de ma vie : un moment de renaissance, d’espérance et de mémoire. Ce qui était autrefois maudit est devenu pour moi un rendez-vous spirituel et humain.
Cette année, Rosh Hashana a une résonance particulière.
Moins de deux ans après le 7 octobre, impossible de ne pas penser aux victimes, aux otages, aux familles brisées. Le peuple juif entre dans 5786 avec des blessures profondes, mais aussi avec une force et une dignité qui forcent le respect.
Et comme si cela ne suffisait pas, une blessure supplémentaire est venue s’ajouter : la reconnaissance précipitée d’un État palestinien par certains dirigeants, comme une récompense du pogrom. Comme si l’on pouvait récompenser la haine. Comme si le meurtre des Juifs ouvrait droit à une légitimité internationale. Cette reconnaissance n’apporte pas la paix, elle valide le terrorisme.
Et pourtant, Israël reste debout. Il transforme ses douleurs en vie.
Je vois aussi apparaître des signes nouveaux : la perspective d’un accord de sécurité entre Israéliens et Syriens, la visite récente à Damas d’une délégation de Juifs américains, le retour discret de Juifs d’origine syrienne vers leur terre d’ancêtres. Enfant à Damas, jamais je n’aurais cru voir cela. Ces images portent une part d’espérance. Mais elles exigent aussi vigilance.
En ce début de 5786, je formule un vœu de paix. Une paix véritable pour Israël, garantie par sa sécurité et la reconnaissance de son identité d’État juif.
Une paix aussi pour les Palestiniens, mais pas une paix illusoire basé sur la haine : pas celle qui glorifie le terrorisme, nourrit la corruption ou entretient et banalise le meurtre des Juifs.
La paix ne peut naître que de la vérité, de la responsabilité et du respect mutuel. De l’exigence à éradiquer la culture de la haine et du rejet systématique.
Mon souhait est que cette nouvelle année soit celle de la lucidité.
Lucidité face aux mensonges qui banalisent le terrorisme.
Lucidité face aux hypocrisies qui sacralisent let justifient le meurtre des Juifs.
Lucidité face aux illusions, pour que l’espoir de coexistence entre Syriens et Israéliens ne soit pas dévoyé.
Et lucidité, enfin, pour bâtir un futur de justice et de coexistence — non sur le sang versé, mais sur le courage de dire la vérité.
Shana Tova oumetouka – que cette année soit douce malgré la douleur, forte malgré les épreuves, et porteuse d’espérance.